NOTHING TO DO

 

 

Textes de Pascalle Monnier

 

 

 

 

 

NTD La Fonderie  février 2011 © Isabelle Arthuis
NTD La Fonderie février 2011 © Isabelle Arthuis

 

 

 

 

Conception jeu Emma Morin

Administration Marc Pérennès

Lumières Laurent Bénard

Composition,  guitare Ryan Kernoa

Composition, voix Frédéric Jouanlong

Espace sonore Stephan Krieger

Vidéo Laurent Bénard et Carole Cheysson

 

Production Le cercle nombreux

Co-production La Fonderie Le Mans, Théâtre de Nîmes, Théâtre de La Bastille Paris, Théâtre Garonne Toulouse

 

 

 

«On paie, on entre, on s’assoit, on la regarde.

Voilà, c’est facile d’aller au cinéma.

Tu sais Paul, il suffit de prendre le bus et d’aller en ville.

On pourrait emmener une ou deux filles, aussi, tu penses pas ?

C’est quand même pas difficile de faire un truc pareil.

Tu te souviens quand on allait au cinéma, comme ça, pour un rien ?

Tu voudrais bien aller au cinéma ce soir ?

C’est pas difficile la plupart du temps.

Tu t’assois dans un fauteuil, les lumières s’éteignent, et tu regardes l’écran.

Il y a des bruits de baisers, des bruits de pas, des bruits de balles.

Ça fait combien de temps qu’on a pas entendu tous ces bruits là ?

Ça fait drôlement longtemps , Paul, tu crois pas ? »

 

Pascalle Monnier  Lise – louis – Paul  in Action poétique  125

 

 

« Le son est une vibration qui se propage dans l’air, et l’oreille humaine ne perçoit qu’une infime partie de l’absolu des sons produits. De plus ce que l’on perçoit est profondément lié à ce que l’on regarde : le stimulus visuel peut très facilement prendre le pas et même contredire ce que l’oreille entend. Une faible intensité lumineuse amplifie la sensibilité auditive, et le stimulus visuel ainsi absenté ouvre l’oreille à un spectre sonore plus large, plus sensible.

D’autre part, le silence est une approximation à partir de laquelle l’on n’entend plus, ou pas, mais ce que l’on n’entend pas n’est pas pour autant « rien ». Amplifier cet espace « silencieux » permet de faire entendre ce que l’oreille spontanément ne capte pas. » Stephan Krieger

 

 

 

 

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Nothing to do est un montage de textes de Pascalle Monnier.

 

Nothing to do creuse les questions d’adresse et d’oralité, de la répétition de la cadence et s’inscrit dans la continuité du travail de Listen to Me de Gertrude Stein : un dire décollé de l’incarnation d’un personnage. C’est une plongée organique et sensitive dans une écriture qui appelle la voix. Une fréquence.

 

Dans l’oreille un contrepoint à la parole. La musique est un pont entre mémoire et oubli : le terme Blues vient de l’abréviation de l’expression anglaise Blue devils (littéralement « diables bleus » qui signifie « idées noires ») . Il est aussi dérivé de l’ancien français « blue » qui signifie « histoire personnelle ». qui est pour les bluesmen la signification du blues : une chanson à la première personne du singulier.

Chant, voix, textures : les textes chantés sont extraits des œuvres de Pascalle Monnier, certains traduits en anglais, d’autres désassemblés ou fractionnés.

 

 

 

 

 

BEAU GESTE THÉÂTRE Daniel Conrod Telerama n° 3196 - 1

 

On était venu presque par hasard. Il n'y avait pas foule ce soir-là dans le petit Théâtre de la Bastille (Paris). Très peu de gens connaissent la comédienne et metteuse en scène Emma Morin. Comme tant d'autres artistes d'aujourd'hui, elle est une épisodique des plateaux. Une production laborieusement montée avec des bouts de ficelle ; deux ou trois dates grappillées ici et là ; quelques mois, parfois un an, entre chacune ; et puis, après, un long, très long effacement... Pourtant, dès le début de Nothing to do, on est harponné par la voix d'Emma Morin, aussi belle qu'un drapé. Deux musiciens à ses côtés, un travail de la lumière qui creuse plus qu'il ne remplit, des images sur un tulle, tels des ombres ou des souvenirs, et puis des questions. Des questions sans adresse, infiniment reprises (texte de Pascale Monnier), qu'Emma Morin semble tisser depuis la nuit des temps. La vie qui tremble et fait trembler. Les prochaines dates prévues ? Pas avant les 29 février et 1er mars 2012 à Nîmes.

 

 

 

 

ACTRICES HORS - SERIE

Rue 89 -  Jean-Pierre Thibaudat 22/02/2011

 

Créer de la visibilité à ceux qui peuvent en manquer » écrit Jean-Marie Hordé le directeur du Théâtre de la Bastille. C'est le but de « Hors série » (troisième édition) : cinq représentations d'aventures en marge et en marche. Cela commence un lundi, le samedi c'est plié.
Economie de crise, de survie ? Comme d'autres lieux proposent ce genre de manifestations très éphémères, on assiste à l'affirmation d'un informel réseau parallèle, avec les alibis et lerisque de ghetto que cela peut entraîner, un peu comme ces films qui ne sortent jamais en salle mais font la tournée des festivals.
Emma Morin était déjà venue à « Hors série » avec « Listen to me » un texte de Gertrude Stein. Elle y revient avec « Nothing to do », un montage de textes de Pascalle Monnier (auteur publiée chez POL et qui collabore à Vacarme) dont « Tim.Ben » qui n'est pas sans émettre des signes du côté de à Gertrude Stein. Une femme (mère, soeur, amante) demande à Tim s'il la trouve jolie cette fille, et cette maison il trouve qu'elle est jolie ? Et les questions du même acabit se succèdent qui n'appellent pas de réponse mais l'écoulement, le coulis presque, de leur dévidement, comme un filet d'eau auquel on s'est habitué et dont on craint le tarissement. D'ailleurs tout a commencé ainsi dans le noir, un bruit de robinet peut-être, ou de source, quelque chose qui tient d'une émergence. Et puis la lumière va et vient, comme le reste, dans un bougé de volumes, un tremblement du temps. Tout se déploie avec la guitare (Ryan Kernoa) , la voix du chanteur (Frédéric Jouanlong) et l'étonnant dispositif sonore que produit un ventilateur et des papiers. Emma Morin ne joue pas. Elle compose un spectacle et comme le peintre revient sur le motif, efface, retrace, creuse l'énigme.

 

 

 


NOTHING TO DO / EMMA MORIN : UNE OMBRE DE SPECTACLE

Publié par infernolaredaction le 2 mars 2012 ·

"Nothing to do" d’Emma Morin / Collage à partir de textes de Pascalle Monnier / Théâtre de Nîmes.

 

Le Théâtre de Nîmes programmait Mercredi 29 Février et Jeudi 1er Mars le dernier spectacle d’Emma Morin à l’Odéon, petit cinéma des années 50 reconverti en petit théâtre charmant où l’on est assis sur des chaises de jardin et où le plafond de l’entrée est à 1m90.

 

 

 

Si la direction du théâtre, depuis que la ville est passée UMP, a abandonné la création nîmoise qui en devient moribonde, c’est au profit d’une scène au minimum nationale qui voit défiler, notamment en danse, un panel d’artistes incroyables, connus et reconnus.

A l’entrée leur nouvelle campagne de pub qui dit : « Television manipulates the truth / Venez au théâtre! ». Le caractère tellement démagogique du slogan nous invite à penser que le service communication fait du second degré. Toujours est-il que pour le coup, ce syllogisme est totalement faux : Emma Morin manipule la vérité ! Les vérités. Tout le spectacle ne joue que sur ce glissement entre la possible vérité de ce qui a pu se passer et la vision de son personnage, une pauvre fille perdue. Cette femme, dont on se saura pas grand-chose apostrophe des personnages absents, des partis ? Des jamais rencontrés ? Des fantômes ? On ne les verra passer qu’à la fin du spectacle où une vidéo de passants est diffusée sur un tulle en avant-scène. Car une grande partie de l’esthétique du spectacle passe par ce tulle qui se dresse sur la totalité de l’avant-scène comme un écran de cinéma. Comme un nuage de fumée entre cette maison de campagne dont on parle et nous.

« Ca fait drôlement longtemps qu’on a pas entendu ces bruits-là » est l’une des phrases qu’Emma Morin a empruntées à Pascalle Monnier pour créer son spectacle. Car, contrairement aux spectacles d’une Jeanne Champagne où Annie Ernaux ou Marguerite Duras sont bien présentes, il s’agit bien plus ici du spectacle d’Emma Morin que de celui de Pascalle Monnier. Le spectacle est peuplé de sons et pas seulement des musiques interprétées en direct par Ryan Kernoa et Frédéric Jouanlong, mais de bruits d’eau qui coule, de sacs plastiques, de respirations et cela donne à la pièce un caractère soyeux et fragile, comme une vieille carte postale qu’on ne devrait pas froisser. Certains moments sont même profondément gâchés par les spectateurs, pourtant peu nombreux, qui toussent ou chuchotent en attendant qu’il se passe quelque chose, alors que tout le spectacle est en micro-actions, en petites attentions, en détails infimes, en ombres. Et il faut être un spectateur exigeant pour regarder les ombres dans un lieu noir.

« On paye, on entre, on regarde, voilà, c’est facile d’aller au cinéma » dit l’actrice au milieu du spectacle. C’est facile d’aller au théâtre, encore faut-il y aller avec l’envie d’y voir quelque chose. Au début et à la fin du spectacle, Morin créatrice se positionne au bord du plateau, devant les escaliers qui mènent aux loges. Et c’est bien la posture de ce spectacle : un peu décalé, presque au bord du plateau, l’air de rien.

Même si le texte est profondément anecdotique, un peu trop peut-être pour le porter sur une scène, ce spectacle évoque des images de bord de mer, des odeurs de tilleuls ou d’herbe mouillée, des impressions… Et c’est déjà beaucoup, être impressionné lorsque l’on va au théâtre…

Bruno Paternot

 

 

 

"Nothing to do", d’Emma Morin, a été joué le 29 février et 1er mars 2012 à l’Odéon, Théâtre de Nîmes / Coproduction Théâtre de la Bastille, Théâtre de Nîmes, La Fonderie, La Centrifugeuse, Théâtre Garonne, Avec le soutien en résidence de La Fonderie au Mans, La Centrifugeuse / Université de Pau, Espaces Pluriels, Scène conventionnée danse-théâtre Pau et avec le soutien de La SPEDIDAM.

 

 

 

 

 

 

 

Frédéric Jouanlong Chanteur, influencé par Phil Minton, Mike Patton, membre fondateur des groupes Kourgane, et du trio Moraine. Passionné par l’improvisation et l’onomatopée, il s’intéresse à l’idée de sampling, mais s’appuie parallèlement sur sa pratique du théâtre et de la danse Buto pour chercher et maintenir un état d'émotion débouchant sur une expression chantée, vociférée, ou éructée. Dans un registre plus improvisé, bruiteur vocal, il a joué avec Daunik Lazro, Akosh S, Yann Gourdon, Ryan Kernoa, Christine Sehnaoui, Lucia Recio, Jérôme Renault, Gaizka Sarasola, Jesus Aured, Carole Bonneau et Jean-Michel Noël, Emma Morin, Fanny Avram, Pantxix Bidart, Nicolas Lafourest, Stéphane Garin, David Guionneau, Gilbert Traïna, Léone Cats-Baril. Il participe à certains projets de la compagnie Ecrire un mouvement. Pour le festival In Extremis/Théâtre Garonne à Toulouse, il interprète, en regard avec Listen to Me, la partition d’Hugo Ball, Karawane, qui est jouée depuis en France et en Espagne.

 

 

 

Ryan Kernoa est guitariste autodidacte, depuis 2002 il développe une pratique de la musique improvisée en solo ou lors de rencontres. En 2003, il rejoint l'équipe du label Relax Ay Voo, en 2005 le groupe Kourgane et enregistre deux albums chez Amanitarecords : Bunker Bato Club (2006) & Heavy (2008). Entre 2006 et 2009, il fonde Ecrire Un Mouvement à Pau avec Thierry Escarmant, pour lequel il compose la plupart des musiques qu'il interprète live; en 2008 il collabore au  trio Moraine , et depuis 2009 il développe un travail de solo à la guitare classique... Il a notamment partagé la scène avec 4 Walls, Benoît Delbecq et Steve Arguëlles, Frédéric Blondy et Lê Quanh Ninh, Daunik Lazro et Phil Minton, Otomo Yoshihide, Andy Moor et Kaffe Mattews, Andy Emler et Thomas De Pourquery ; et joué avec Akosh S, Lucia Recio, Big Four, Joseba Irazoki, Phil Minton, Daunik Lazro et Médéric Collignon, Nicolas Lafourest, Christine Sehnaoui Abdelnour, Pantxix Bidart, Stéphane Garin, ... 

 

 

Stephan krieger Né en Allemagne, il arrive en France en 1984. Musicien de la scène hardcore/noise, il enregistre avec le groupe Voodoo Muzak six albums, crée le studio d’enregistrement/label AMANITA en 1990, et produit plus de 80 disques. Plus récemment il signe l’enregistrement et le mixage 5.1 de la bande originale du film Persépolis, et travaille à la sonorisation et la mise en espace de groupes de musique ainsi que d’ensembles alliant danse et musique.

 

pau, tonio modio
pau, tonio modio

 

 

CALENDRIER

 

Théâtre de Nîmes,  29 février et 1er mars 2012

Théâtre Garonne / Toulouse,  3 et 4 février 2012

Théâtre de La Bastille / Paris, Festival Hors-Série du 21 au 25 février 2011

La Fonderie / Le Mans, du 14 au 18 février 2011

 

remerciements à Géraldine Clouard

 

 

 

Que fait le théâtre et comment le fait-il ? Que se passe t-il sur scène et quelle est notre réaction. C’est ce qu’il faut savoir, savoir et dire comment c’est.

De la chose vue ou de la chose entendue laquelle fait le plus d’impression au théâtre. L’ouïe a-t-elle beaucoup ou peu à avoir avec cela. La chose entendue remplace t-elle la chose vue. Est-ce qu’elle aide ou est-ce qu’elle interfère.

Et quand vous prenez part à quelque chose qui se passe vraiment et qui est passionnant, comment cela se passe t-il. La chose vue, la chose entendue ont-elles des effets sur vous et ces effets sont-ils simultanés et de la même intensité ou non. Supportez-vous d’attendre pour entendre ou voir, qu’est-ce qui vous passionne le plus. Et puis est-ce que l’ouïe remplace la vue petit à petit ou est-ce que la vue remplace l’ouïe. Et lorsqu’un événement passionnant auquel vous avez pris part s’accomplit est-ce que la vue remplace l’ouïe ou non. Ou les deux choses fonctionnent-elles ensemble. 

 

 

Si l’émotion du spectateur au théâtre fonctionne ou ne fonctionne pas de la même manière que lorsque ce dernier participe à un événement réel ou y assiste, quand donc l’émotion du spectateur atteint un summum, un soulagement plutôt qu’un accomplissement, quel est le rôle joué par la combinaison du voir et de l’entendre et quel rôle joue cette combinaison dans la nervosité de l’émotion au théâtre, qui joue peut-être un rôle dans le fait que l’émotion du spectateur est toujours en avance ou en retard sur l’action théâtrale et ne coïncide jamais avec elle. 

 

 

Je suppose que le cinéma nous a beaucoup appris par la façon dont il est passé de la vue au son. En d’autres termes indubitablement le cinéma a eu une toute nouvelle façon d’envisager les rapports de la vue et du son avec l’émotion et le temps.

 

Gertrude Stein,  lectures en Amériques, extraits 

 

 

 

Je dis toujours « pour entendre ». Pourquoi faites-vous du cinéma ? et je réponds pour entendre. Les voix. »

 

 

et donc j’entends rien. S’il n’y a pas la musique dans les livres, il n’y a pas de livres. C’est à dire que 90% des livres ne sont pas des livres. Ce sont des lectures, comme le journal qu’on lit quand on prend un bain. Sans ça il n’y a pas de livre, c’est vrai. Je ne sais pas pourquoi il y en a de moins en moins.

 

Marguerite Duras, Le ravissement de la parole – enregistrements/transcription

 

 

 

Les gestes nous découvrent.

 

Montaigne 

 

 

 

Sur les planches, le jeu s’ajoute à la présence réelle, l’intensifie. Dans les films, le jeu supprime même le semblant de présence réelle, tue l’illusion créée par la photographie.

 

Robert Bresson 

 

 

 

La vraie question n’attend pas de réponse. Et si il y a réponse, celle-ci n’apaise pas la question et même si elle y met fin, elle ne met pas fin à l’attente, qui est la question de la question.

 

Maurice Blanchot